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Question de M. Stéphane Piednoir (Maine-et-Loire - Les Républicains) publiée le 01/05/2024

Question posée en séance publique le 30/04/2024

M. le président. La parole est à M. Stéphane Piednoir, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Stéphane Piednoir. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Madame la ministre, Sciences Po n'en finit plus de sombrer dans une dérive idéologique, très loin de l'idéal de son fondateur, qui voulait en faire un lieu d'excellence et d'accès au « culte des choses élevées », comme il disait.

Depuis les attentats du 7 octobre, on ne compte plus les incidents, les conférences annulées et les blocages de site. On a même assisté à l'exclusion d'une étudiante juive, préfiguration d'une nouvelle forme d'apartheid dans le microcosme de la rue Saint-Guillaume.

Vendredi dernier, après l'occupation du site de Paris, la direction a failli. Elle a cédé face à 200 agitateurs convaincus d'être dans le camp du bien, mais nullement représentatifs des quelque 15 000 étudiants de l'institution.

Elle a abdiqué devant une poignée de jeunes qui n'hésitent pas à afficher leur soutien aux terroristes du Hamas et qui brandissent leurs mains rouges en hommage aux bourreaux des soldats israéliens de Ramallah.

Elle s'est soumise, enfin, au diktat d'un comité d'ultragauche, dont elle a d'ailleurs repris le verbatim importé des États-Unis, en acceptant une amnistie honteuse, signant ainsi la fin du retour de l'autorité décrété par le Premier ministre.

Compte tenu de cette situation, quelles mesures envisagez-vous de prendre en tant que ministre de tutelle ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 01/05/2024

Réponse apportée en séance publique le 30/04/2024

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Mme Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur Stéphane Piednoir, je veux le dire une nouvelle fois : le débat doit avoir lieu et la liberté d'expression s'exercer (M. Roger Karoutchi s'exclame.), car c'est la vocation, parmi d'autres, des universités.

Cependant, et vous avez raison, cela n'autorise pas tout, en particulier les blocages et les intimidations.

Il est impossible qu'une minorité puisse faire subir cette situation à 15 000 étudiants, en tentant d'importer cette mobilisation américaine. C'est pourquoi nous avons été vigilants et fermes, et nous continuerons de l'être, cependant que les chefs d'établissement prennent leurs responsabilités en exerçant, je tiens à le dire, leur pouvoir de police.

C'est pourquoi des campus sont évacués lorsqu'ils sont bloqués. Je voudrais citer l'évacuation de la Sorbonne hier, celle du campus Saint-Thomas de Sciences Po mercredi dernier, et encore, aujourd'hui, celle du campus de Saint-Étienne.

C'est pourquoi, aussi, des réunions publiques sont parfois interdites, lorsqu'elles présentent un risque de trouble à l'ordre public.

Vous m'interrogez sur le communiqué interne de Sciences Po, qui mérite largement, en effet, d'être clarifié sur plusieurs points.

Tout d'abord, et bien évidemment, la direction n'a pas donné suite à cette revendication, illégitime et dangereuse, d'une suspension des partenariats avec les universités israéliennes. Elle organise un débat cadré, dans des conditions très strictes - nous y veillerons.

Ensuite, je tiens à le redire, aucune sanction pour des faits graves, comme les signalements d'antisémitisme au cours de la journée du 12 mars, ne sera abandonnée. Jamais !

Enfin, le retour au calme était nécessaire en raison des examens de la semaine prochaine, qui doivent se tenir sereinement, tandis que les cours doivent reprendre dès lundi. Dès le lendemain de ces événements, la bibliothèque a d'ailleurs ouvert sans incident.

Le rétablissement d'un climat serein et, surtout, le respect des principes de la République font partie des priorités que l'État a fixées à l'administration provisoire de Sciences Po. Ce sera un point important du contrat qu'il négocie actuellement avec l'établissement.

M. le président. La parole est à M. Stéphane Piednoir, pour la réplique.

M. Stéphane Piednoir. Madame la ministre, nous refusons de participer à la fable de la grenouille ébouillantée. À chaque fois, à chaque nouvel incident, on s'indigne, on s'émeut, on condamne, on promet même des sanctions. Et, en définitive, on se félicite du retour au calme.

Je vous le dis : il faut que cela cesse. Et je vous le demande : qu'y a-t-il derrière la ligne rouge ? Moi, je vous le dis : en France, on ne dialogue pas avec les terroristes ni avec leurs soutiens ; on n'ouvre pas de débat avec ceux qui veulent déconstruire nos valeurs et nos principes, avec ceux qui promeuvent l'islamo-gauchisme dans nos universités, avec ceux qui agitent le feu et la haine dans une résurgence de l'antisionisme, ce faux nez de l'antisémitisme.

Il est temps d'identifier, de condamner et de bannir les véritables ennemis de la République. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC.)

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